Géomorphologie glaciaire : quelques exemples
Introduction
Mon rythme d’écriture sur ce blog est de plus en plus catastrophique mais nous revoilà pour parler de glaciers. Le cycle des glaciations quaternaires a forgé le paysage actuel, notamment au niveau des zones de relief. En effet, les glaciers ont un impact majeur sur le façonnement des paysages. J’avais parlé rapidement de quelques indices de la présence passé d’un glacier dans mon article nommé « Ages glaciaires quaternaires ». Nous allons ici développer un plus cet aspect géomorphologique (l’étude du paysage et de son évolution) pour identifier l’impact des anciennes extensions glaciaires sur les paysages actuels. C’est parti !
Cirques et vallées glaciaires
Les empreintes les plus importantes laissées par les glaciers de montagne sont les cirques et vallées dans lesquels ils s’écoulaient. Ces morphologies sont formées par le creusement des glaciers, qui érodent peu à peu leur substrat. Un cirque glaciaire est une zone plus ou moins circulaire en grande partie entourée par des parois rocheuses abruptes. Le glacier se met en place au fond du cirque et remonte plus ou moins le long des parois. Les parois vont s’éroder et reculer au cours du temps, selon des processus d’écroulement rocheux par exemple. Si vous voulez voir de jolis cirques glaciaires actuels, vous pouvez par exemple explorer le massif du Mont-Blanc sur Google Earth. Un ancien cirque glaciaire très connu en France (et très impressionnant) est le cirque de Gavarnie, dans les Pyrénées. Le deuxième grand type de creusement issu de l’action d’un glacier de montagne est la vallée glaciaire. Elle peut également être appelée vallée en U ou en auge à cause de sa morphologie (par différence avec la forme des vallées fluviatiles en V) . Celle-ci n’est pas forcément identifiable aisément aujourd’hui à cause du remplissage sédimentaire postérieur au retrait du glacier. En effet, des cours d’eau se mettent place dans ces vallées après le retrait du glacier et favorisent le remplissage sédimentaire du fond de la vallée. C’est par exemple le cas de la vallée de l’Isère, dans laquelle se trouve la ville de Grenoble, qui est une vallée glaciaire remplie par les sédiments charriés par l’Isère.
Les moraines
Une autre marque importante laissée dans le paysage par les glaciers sont les moraines. Ce sont des dépôts hétérogènes constitués de rochers, blocs, galets mais aussi d’éléments plus fins. Ces éléments sont déposés lors de la stagnation d’un glacier sur une position. Les éléments constitutifs des moraines sont transportés par le glacier et sont issus des écroulements des parois rocheuses au-dessus du glacier ou de l’abrasion du glacier sur la roche sous-jacente. Les moraines sont dites latérales lorsqu’elles se déposent sur le côté du glacier et frontales lorsqu’elles sont situées devant le glacier. Les moraines récentes déposées dans les massifs montagneux sont faciles à reconnaitre dans le paysage (par exemple dans le massif du Mont-Blanc). Les moraines plus anciennes, qui se sont déposées plus en aval dans les vallées lors des différentes périodes glaciaires (voir mon article sur les glaciations quaternaires), sont souvent plus difficiles à reconnaître car leur morphologie est moins bien conservée et elles peuvent être recouvertes par la végétation. Les outils numériques modernes tels que les modèles numériques de terrain (MNT, voir mon article sur les SIG) à haute résolution, nettoyés des constructions humaines et de la végétation, permettent de les identifier plus facilement.
Les moraines sont donc de bons marqueurs géomorphologiques pour reconstituer les anciennes surfaces occupées par les glaciers durant les dernières périodes glaciaires. Elles peuvent également être utiles pour reconstituer la chronologie relative des stades de recul des glaciers depuis la dernière période glaciaire. Enfin, des méthodes de datation absolues ont été mises au point pour dater l’âge du dépôt des moraines. Les datations par quantification des isotopes cosmogéniques (le 10Be notamment) sont par exemple très utilisées actuellement (ne vous inquiétez pas, je détaillerai cette phrase barbare dans un prochain article).
Autres types de morphologies glaciaires
Terminons cet article en établissant une petite liste non exhaustive de quelques autres types de morphologies liées à l’action des glaciers et qu’il est possible de reconnaitre dans le paysage.
Tout d’abord les roches striées, ou stries glaciaires. Ce sont des roches marquées par de grandes stries orientées dans une même direction. Ces stries sont formées par le frottement des éléments transportés par un glacier sur le substrat rocheux sous-jacent. Les stries indiquent donc la position et la direction d’écoulement d’un ancien glacier.
Passons à un autre type de morphologie des roches : les roches moutonnées. Les roches moutonnées sont formées lorsque l’écoulement d’un glacier rencontre un obstacle rocheux. Le glacier va abraser la face amont de la roche, ce qui va être à l’origine d’une face en pente douce, souvent striée. La face avale sera plus abrupte car elle correspond à une zone de délogement de blocs rocheux par le glacier.
Les blocs erratiques sont de grands blocs rocheux posés « aléatoirement » dans le paysage. Ils peuvent avoir des dimensions énormes, jusqu’à plusieurs mètres voire dizaines de mètres de diamètre. Ces blocs été transportés par le glacier puis ont été abandonnés sur place lors de la fonte de celui-ci. Les méthodes de datations par isotopes cosmogéniques (10Be par exemple) permettent (sous réserve de certaines conditions) de dater l’abandon du bloc par le glacier et donc les retraits glaciaires.
Allez, un petit dernier pour la route : les drumlins. Ce sont des morphologies sous-glaciaires, formées par l’écoulement d’un glacier. Ce sont des « constructions » pluri-métriques formées de sédiments glaciaires (comme les moraines) qui entourent un obstacle. Un drumlin présente un allongement parallèle à l’écoulement du glacier. C’est une construction asymétrique : un versant abrupt en amont et un versant doux en aval (l’inverse des roches moutonnées). Les drumlins se trouvent généralement en « champs » au fond des vallées glaciaires.
Voilà nous allons nous arrêter ici pour cette petite introduction à la géomorphologie glaciaire. La liste des morphologies présentées ici n’est bien entendu pas exhaustive et il existe beaucoup d’autres types de morphologies. Cela permet cependant de se rendre compte de l’impact énorme des glaciations récentes sur nos paysages actuels, notamment au voisinage des Alpes (mais aussi des Pyrénées et du Massif Central) pour la France. A bientôt (j’espère) pour un prochain article !