Les tsingy

Les tsingy

Introduction

Pour cet article, nouvelle catégorie : les curiosités géologiques ! Le monde regorge de structures géologiques à l’origine de paysages uniques. Je vais essayer de vous en faire découvrir quelques-unes dans les articles de ce type. Nous nous attellerons à essayer de comprendre l’origine de ces curiosités avant de présenter un ou des exemples parmi les plus connus à travers le monde. Voilà de quoi donner envie de voyager !

Pour alimenter cette catégorie, je vais notamment aller piocher des idées dans un superbe livre que je ne peux que vous conseiller : “Terre secrète, merveilles insolites de la planète”, par Patrick Baud et Charles Frankel, aux éditions Dunod.

Commençons notre découverte par des structures sédimentaires ! Nous allons en effet nous intéresser à des formations que l’on retrouve en milieu karstique. Qu’est ce qu’un milieu karstique, me direz-vous. Pas de panique, la réponse se trouve juste en dessous !

Les milieux karstiques

Un milieu karstique (ou tout simplement un karst, mot d’origine allemande) est une zone de reliefs particuliers formés dans des roches sédimentaires, le plus souvent des roches carbonatées (c’est-à-dire composées de carbonates : CaCO3, CaMg(CO3)2, dont font partie les calcaires). En effet, un karst se forme par l’érosion de roches solubles, c’est-à-dire que la matière minérale va être entraînée par l’action de l’eau. Il peut alors se former des reliefs à l’allure très particulière, formés par une érosion que l’on peut qualifier d’hydrochimique.

Un environnement karstique peut parfois se constituer de deux couches de roches superposées aux propriétés distinctes. La première couche est perméable et soluble, elle va être érodée par l’action de l’eau. La seconde est située sous la première et est imperméable, l’eau y pénètre beaucoup moins. Cet assemblage va permettre à l’eau (pluies, ruissellements, rivières …) d’être stockée au sein de la couche perméable, ce qui peut mener à la formation de réseaux souterrains, de grottes … L’eau va entraîner avec elle des éléments de la roche qui vont se retrouver dissous sous forme d’ions. Par exemple, l’érosion chimique d’un calcaire peut se simplifier selon cette équation :

CaCO3 + H2O + CO2 <=> Ca2+ + 2 HCO3

A noter que l’érosion chimique d’un calcaire nécessite l’intervention de CO2 atmosphérique. Les ions HCO3 se retrouvent alors dissous dans l’eau.

Il est possible de trouver de bons exemples de milieux karstiques français dans le Jura. Un futur article sera entièrement consacré à ce massif mais nous pouvons déjà parler un peu des karsts que l’on y trouve. Le Jura est composé de roches calcaires et argileuses (souvent des marnes, c’est-à-dire un mélange de calcaire et d’argile) du Jurassique et du Crétacé. Les couches calcaires sont perméables et érodées par les eaux de pluies (et anciennement par les glaciers qui recouvraient le Jura lors des dernières glaciations) tandis que les couches argileuses sont imperméables. Lorsque une couche calcaire se trouve en surface, un karst peut se former. Ce genre de milieu est intéressant à étudier en hydrologie car il peut alors abriter de nombreuses sources qui peuvent alimenter des habitations en eau potable. On peut observer dans les zones karstiques du Jura certaines formations très spécifiques. En voici deux exemples : les lapiaz et les dolines.


Des formations karstiques très particulières : les tsingy

Un tsingy, c’est en quelque sorte un environnement karstique qui a été poussé à l’extrême. Ce milieu est donc lui aussi formé par l’action de l’eau, notamment de l’eau de pluie, qui va s’infiltrer dans d’épaisses couches de roches carbonatées. Petit à petit, d’immenses piliers aux formes très particulières, très affutées, vont être dégagés. La hauteur de ces piliers peut atteindre plusieurs dizaines de mètres. La zone devient alors une sorte de “forêt” de pierre. Il existe peu de régions dans le monde dans lesquelles il est possible d’observer ce genre de formation.

La plus connue est sans doute la plus impressionnante de ces régions, qui a d’ailleurs donné son nom à ce genre de formation, se situe dans l’ouest de l’île de Madagascar : le tsingy de Bemaraha. Ce site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’étend sur plus de 150 000 hectares. Les piliers calcaires de Bemaraha peuvent atteindre une centaine de mètres de haut pour les plus grands. Ils ont été “taillés” dans une épaisse couche de calcaires marins qui se sont peu à peu retrouvés en surface. La zone située juste sous le sommet de la plupart des piliers semble “découpée” de manière très rectiligne, cela à cause de la circulation d’eaux souterraines lorsque le calcaire n’était pas encore totalement dégagé en surface. Ce site est d’autant plus unique qu’il abrite un écosystème très riche qui comporte de nombreuses espèces endémiques (c’est-à-dire qu’on ne les trouve nulle part ailleurs). Au sein des forêts qui s’y sont développées, on retrouve notamment de nombreuses espèces d’oiseaux et de lémuriens. Bien que le site soit une réserve naturelle très protégée, il est possible de s’y rendre accompagné d’un guide pour randonner au cœur de ces magnifiques karsts. Cette vidéo de Brut présente rapidement le tsingy de Bemaraha et son écosystème.


Enfin, terminons cet article par un autre exemple de tsingy. Ce site, nommé Shilin, également classé au patrimoine mondiale de l’UNESCO, se situe quant à lui dans le sud de la Chine, dans une région qui comporte de nombreux karsts. Le tsingy de Shilin a également été “taillé” dans un calcaire marin. Les piliers calcaires peuvent ici atteindre une trentaine de mètres de haut.


J’espère que cette première découverte d’une curiosité géologique vous aura plu, nous en découvrirons une nouvelle prochainement dans un nouvel article !

Les commentaires sont clos.