Les régions volcaniques d’Auvergne

Les régions volcaniques d’Auvergne

Source : trekmag.com

Introduction

Nous revoilà après une (longue) pause pour parler de volcans ! Dans le précédent article, nous avions abordé les origines du volcanisme en Auvergne. Nous allons à présent nous pencher sur les différentes manifestations de ce volcanisme. Pour cela, nous allons passer en revue les principaux massifs volcaniques que l’on trouve en Auvergne et résumer leurs principales caractéristiques : âge, phase d’activité à laquelle ils appartiennent, types de volcans qui les composent. Les volcans d’Auvergne sont de formes et de tailles variées et correspondent à de nombreux types éruptifs différents qui seront présentés dans les grandes largeurs. Nous allons faire un voyage dans le temps qui commence il y a environ 25 Ma pour se terminer il y a moins de 7000 ans avec la dernière éruption à avoir eu lieu en France métropolitaine, qui est à l’origine de la formation du lac Pavin (au sud des Monts-Dore) !

La Limagne

C’est dans la Limagne que l’on retrouve les plus anciennes manifestations volcaniques d’Auvergne. En effet, l’amincissement de la lithosphère au moment de la phase de rifting passif (phase d’étirement à l’origine de la formation du fossé d’effondrement de la Limagne) a entraîné une remonté et donc une décompression suivie d’une fusion partielle de l’asthénosphère en-dessous de la plaine sédimentaire. Ce volcanisme s’étend sur une période allant de -25 Ma à -12 Ma environ. Il se manifestait par la formation de petits volcans monogéniques (à une seule éruption) éparses (on retrouve des édifices jusque dans le Forez plus à l’est). Ces volcans étaient bien souvent des cratères de maar, c’est-à-dire des cratères d’explosions formés lorsque le magma rencontre de l’eau lors de sa remontée. On retrouve également de grands plateaux basaltiques au niveau de la plaine de la Limagne, l’exemple le plus connu étant celui de Gergovie. Ces plateaux ont été formés par une “inversion de relief”. Lorsque qu’une coulée de lave basaltique se met en place, elle s’écoule dans les zones basses du relief (les vallées). Avec le temps, les sédiments de Limagne ont été fortement érodés mais pas la coulée de lave. Les roches basaltiques sont en effet beaucoup plus résistantes à l’altération que les roches sédimentaires. Les anciens reliefs ont donc fini par être érodés en “vallées” autour de la couche basaltique qui se retrouve alors en hauteur.

A gauche, la plaine de la Limagne, remplie de sédiments cénozoïques, où se sont déroulées les plus anciennes éruptions d’Auvergne. A droite, le plateau granitique des Dômes, où se sont déroulées les éruptions à l’origine de la (beaucoup) plus récente chaîne des Puys
Source : chainedespuys-failledelimagne.com

Le Cantal

Parlons à présent du plus important volcan de France métropolitaine, qui est aussi un des plus grands volcans d’Europe continentale : le stratovolcan du Cantal ! Il suffit de se placer en vue satellite, sur Google Maps (ou de regarder la carte géologique de la France sur InfoTerre), pour voir le reste des flancs de ce mastodonte. Les actuels monts du Cantal sont les restes d’un seul et même ensemble ! Le point culminant actuel est le Plomb du Cantal avec 1855 m. Ce n’est rien par rapport à l’altitude qu’a pu atteindre le stratovolcan il y a plusieurs millions d’années : plus de 3000 m. Le volcan a par la suite été fortement érodé, notamment lors des dernières glaciations avec la formation de plusieurs vallées glaciaires (semblables à la vallée de Chaudefour dans les monts Dore). Le Cantal constituait donc un stratovolcan, c’est-à-dire un grand édifice volcanique ayant connu de nombreuses éruptions. Un stratovolcan adopte souvent une forme conique avec des flancs escarpés. C’est un volcan qui connaît en général différents types d’éruptions, explosifs ou plus effusifs. Certaines éruptions peuvent de plus se mettre en place sur les flancs de l’édifice, au niveau de cratères secondaires. L’activité volcanique du stratovolcan du Cantal s’est étendue sur une période allant d’environ -13 Ma à -2 Ma. Elle correspond à la phase rifting actif (seconde phase) du volcanisme auvergnat avec la remontée d’un panache mantellique due à la formation des Alpes (voir article précédent).

Une petite carte géologique simplifiée du Cantal qui permet de se rendre compte de la taille du stratovolcan
Source : laveissiere.fr

Les Monts-Dore

Les Monts-Dore constituent les restes d’un autre stratovolcan auvergnat, situé dans l’ouest du Puy-de-Dôme. Celui-ci est plus tardif que le stratovolcan du Cantal puisque sont histoire commence plutôt aux alentours des -3 Ma avec une éruption de très grande envergure. Des coulées de laves de moindre importance s’étaient tout de même épanchées bien avant cette éruption (possiblement à partir de -15 Ma). Le stratovolcan des Monts-Dore, bien que d’une taille inférieure à celui du Cantal, avait des proportions tout à fait impressionnantes. Le massif du Sancy (qui culmine aujourd’hui à 1885 m d’altitude, plus haut point de tout le Massif Central), qui s’est mis en place lors d’éruptions datées d’entre -1 Ma et 200 000 ans, a pu atteindre une altitude de 2500 m.

Vue sur le Puy Ferrand depuis la vallée de Chaudefour, dans les Monts-Dore.

La Chaîne des Puys

Terminons par les stars : les volcans de la chaîne des Puys ! Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco avec la faille de la Limagne, la chaîne des Puys est un incontournable si vous découvrez l’Auvergne. Cet ensemble de volcans se dresse à l’ouest de la faille de la Limagne, sur le socle granitique varisque caractéristique du Massif Central, surplombant Clermont-Ferrand et toute la plaine de la Limagne. La chaîne des Puys s’étend sur un axe nord-sud d’environ 80 km et comprend une centaine d’édifices volcaniques ! Ce sont de petits volcans monogéniques : chaque remontée de magma se traduisait par la formation d’un nouveau volcan. On retrouve des édifices aux formes variées dues aux nombreux types d’éruptions que l’on retrouve dans la chaîne des Puys. Par exemple, le fameux Puy de Dôme est un dôme de lave : une lave très visqueuse (visqueux est l’opposé de fluide, une lave visqueuse s’écoule donc très mal) s’est accumulée pour former cet édifice. Un dôme de lave peut devenir très dangereux s’il s’effondre sur lui-même : cela peut former une coulée pyroclastique (un mélange de gaz, de roches et de cendres à une température de plusieurs centaines de degrés Celsius). On retrouve également de nombreux cônes stromboliens : le Pariou, la Vache et Lassolas (qui sont dits “égueulés” car une partie du cratère a été emportée par une coulée de lave). Certains volcans sont des cratères de maar : le maar de Beaunit par exemple.

Que mettre d’autre que le fameux Puy de Dôme en illustration ?

Velay et Cézallier

Pour terminer cet article, je vais présenter les deux principaux massifs volcaniques que je n’ai pas encore évoqué. Je donnerai moins d’éléments à leur propos car je me suis surtout concentré sur les massifs les plus connus, à propos desquels j’ai plus de connaissances et qui sont mieux documentés. Cependant, je vous conseil tout autant d’aller randonner dans les massifs qui vont suivre que dans les précédents : ils sont tout aussi magnifiques !

Commençons par les monts du Velay. Cela regroupe plusieurs ensembles que l’on retrouve dans l’ancienne province du Velay (en gros tout le centre et l’est du département actuel de la Haute-Loire). Le plus connu de ces ensembles est le massif du Mézenc, situé à la limite entre Haute-Loire et Ardèche. Son point culminant est le Mont Mézenc, un dôme de lave qui atteint 1753 m d’altitude sur son sommet sud (situé en Ardèche). C’est aussi dans ce massif que l’on retrouve le Mont Gerbier-de-Jonc, où se situe la source de la Loire. L’autre principal massif du Velay est le Devès, un vaste plateau basaltique situé au centre-sud de la Haute-Loire, à la limite avec la Lozère et l’Ardèche. L’activité de ces massifs est datée d’entre – 6 Ma et – 500 000 ans environ (phase de rifting actif).

Enfin, abordons le massif du Cézallier. Cet ensemble se situe à cheval sur les départements du Cantal et du Puy-de-Dôme. Le Cézallier est lui aussi en grande partie composé de roches basaltiques issues de coulées de lave. On y retrouve cependant des roches typiques d’autres formes de volcanismes. L’activité volcanique du Cézallier s’étend principalement entre -7 et -3 Ma environ (phase de rifting actif également). Son point culminant est le signal du Luguet avec 1547 m.

La ville du Puy-en-Velay, préfecture de la Haute-Loire. La statue de la Vierge et l’église Saint-Michel d’Aiguilhe sont bâties sur d’anciennes cheminées volcaniques mises à nu par l’érosion
Source : regionfrance.com/le-puy-en-velay

Nous en avons terminé pour cette fois ! Cet article se veut très généraliste et il n’est probablement pas exhaustif sur tous les types de volcans, tous les massifs et tous les mécanismes éruptifs que l’on peut retrouver en Auvergne. Il est cependant déjà suffisamment long et nous aurons l’occasion de reparler de ces volcans. En espérant vous avoir fait découvrir et apprendre de nombreuses choses sur les volcans de cette magnifique région qu’est l’Auvergne !

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