L’échelle des temps géologiques (suite)

L’échelle des temps géologiques (suite)

Echelle des temps géologiques simplifiée
Source : dinosauria.org

Organisation et fonctionnement de l’échelle des temps

Passons sans plus attendre à l’analyse détaillée de l’échelle des temps géologiques. Pour la comprendre, il convient évidemment de commencer par apprendre à la lire. L’échelle des temps couvre donc toute l’histoire de la Terre. Elle comporte un découpage en plusieurs divisions et sous-divisions dont les limites sont en général des événements d’envergure à l’échelle de notre planète : les extinctions de masse par exemple.

Voici de nouveau l’échelle des temps géologiques du BRGM.

La division la plus large de l’échelle des temps est l’éon. L’histoire de la Terre compte quatre éons : l’Hadéen de -4,5 à -4 milliards d’années, l’Archéen de -4 à -2,5 milliards d’années, le Protérozoïque de -2,5 milliards d’années à -540 millions d’années et enfin le Phanérozoïque qui a débuté il y a 540 millions d’années. Les éons sont divisés en ères. Prenons pour exemple le Phanérozoïque, l’éon actuel. Il comporte trois ères : le Paléozoïque de -540 à -250 Ma (millions d’années), le Mésozoïque de -250 à -66 Ma et le Cénozoïque qui a débuté il y a 66 Ma. Ces trois ères étaient respectivement appelées ères primaires, secondaires et tertiaires mais cette terminologie est aujourd’hui moins courante. Les ères sont elles même découpées en périodes. Prenons les périodes qui composent l’ère du Mésozoïque : ce sont les fameux Trias, Jurassique et Crétacé, respectivement datés entre -250 à -200 Ma, -200 à -145 Ma et enfin -145 à -66 Ma. Terminons notre énumération par la subdivision de base de l’échelle des temps : l’étage. Un étage s’étale en général sur quelques millions d’années. Il est défini par ce que l’on appelle un stratotype : c’est l’affleurement d’une couche ou d’un ensemble de couches de roches qui sert de référence et d’identification pour cet étage. Un stratotype sert à définir soit l’étage dans son ensemble, soit une limite entre deux étages. Chaque limite entre étages est marqué par un “clou d’or” sur le terrain (ils sont représentés sur l’échelle des temps du BRGM).

Les différentes subdivisions de l’échelle des temps sont disposées verticalement : les plus récentes sont au sommet et lorsqu’on descend, on remonte jusqu’aux plus anciennes. C’est une lecture géologique du temps : souvenez-vous des principes de la stratigraphie vus dans l’article précédent et notamment celui-ci : une couche sédimentaire est plus récente que celle qu’elle recouvre. L’échelle des temps est construite de cette manière ! Enfin, dernier élément d’importance, les couleurs. Elles ne sont pas disposées au hasard. Chaque période de l’échelle des temps est associée à une couleur bien précise, ce qui permet une identification de la période au premier coup d’œil lorsqu’on étudie une carte géologique par exemple, qui va être colorée en fonction de l’âge des roches qui affleurent. Reprenons le cas des périodes du Mésozoïque : le Trias est associé au violet, le Jurassique au bleu et le Crétacé au vert.

Les couleurs permettent de reconnaître rapidement l’âge des roches sédimentaires qui affleurent dans le bassin parisien
Source : sigessn.brgm.fr

Quelques repères importants

Maintenant que nous savons lire l’échelle, il n’y a plus qu’à l’utiliser ! Nous allons replacer quelques événements importants de l’histoire de la Vie sur l’échelle. Les événements que nous allons replacer ne serons que très peu détaillés ici et ferons l’objet d’articles dédiés. Avant de commencer, un petit avertissement : il faut bien avoir conscience que les échelles présentées ici n’ont pas partout des dimensions proportionnelles au temps. Le Phanérozoïque, la quatrième éon, qui ne correspond qu’à environ 11% de l’histoire de la Terre, occupe une place bien plus importante. Pourquoi ? Tout d’abord car les couches de roches plus anciennes sont plus rares et donc moins connues mais surtout car le Phanérozoïque correspond à ce que l’on appelle les “temps fossilifères”. Phanérozoïque provient du grec ancien et signifie d’ailleurs “vie visible”. Cela ne veut pas dire que la vie n’existait pas ou ne pouvait se fossiliser avant cet éon mais bien que la fossilisation était beaucoup plus rare. En effet, c’est à peu près au début du Phanérozoïque que les êtres vivants possédant des parties dures (coquille, squelette…) apparaissent. Ces éléments se fossilisent beaucoup plus facilement, ce qui permet de retrouver beaucoup plus de fossiles à partir du début du Phanérozoïque.

Premier repère que nous allons replacer sur notre échelle : les plus anciennes traces de vie sur notre planète. Il est très compliqué d’identifier avec certitude des traces de vie microscopique d’un tel âge. Nous allons cependant placer notre repère à environ -3,5 milliards d’années. Certaines découvertes de cet âge là semblent en effet faire à peu près consensus dans le monde scientifique. On peut notamment évoquer les sédiments de Pilbara, au Nord-Ouest de l’Australie, qui semblent bel et bien comporter des traces d’une activité biologique.

Les stromatolithes sont des structures qui résultent de l’activité de micro-organismes. Certains stromatolithes comptent parmi les plus anciens fossiles du monde. Ici, les stromatolithes actuels de Shark Bay, en Australie
Source : oceanpark.com.au

Second repère : la fameuse “explosion cambrienne”, qui a débuté avec le Cambrien il y a 540 Ma. Le terme d’explosion est employé car une forte augmentation de la diversité du vivant a été détectée dans le registre fossile du début du Cambrien. On remarque notamment l’apparition de la plupart des grands groupes de métazoaires (c’est-à-dire les animaux) actuels. Des groupes aujourd’hui disparus sont également apparus à cette période. Ce sont donc des formes de vie totalement nouvelles qui se mettent en place. L’exemple des schistes de Burgess, au Canada, est mondialement connu : on y a retrouvé des dizaines de fossiles incroyablement bien préservés, datés d’environ -505 Ma.

Illustration de la faune de Burgess, datée du Cambrien moyen
Source : commons.wikimedia.org

Pour terminer, replaçons cinq repères d’un coup : les cinq plus grandes extinctions de masse (aussi appelées crises biologiques) qui ont eu lieu durant le Phanérozoïque. Ces extinctions de masse correspondent à une brusque disparition de nombreuses espèces et de nombreux groupes sur une durée limitée à l’échelle des temps géologiques. Ces événements ont souvent des causes multiples, parfois encore mal connues. Ces cinq crises sont donc, de la plus ancienne à la plus récente :

– La crise fin Ordovicien (-440 Ma)

– La crise fin Dévonien (-360 Ma)

– La crise Permien-Trias (-250 Ma)

– La crise Trias-Jurassique (-200 Ma)

– La crise Crétacé-Paléogène (-66 Ma)

Nous voilà donc arrivés à la fin de ces deux articles qui nous ont permis de cerner ce qu’est l’échelle des temps géologiques, un outils ô combien utile que nous serons amenés à utiliser quasiment à chaque fois que nous parlerons de Paléontologie ou encore de Stratigraphie !

Source : jing.fm

Les commentaires sont clos.