Les trilobites

Les trilobites

Source : aquaportail.com

Introduction

Après une pause de plus d’un mois, reprenons nos articles de vulgarisation par un peu de paléontologie ! Nous allons parler de petites bestioles disparues depuis fort longtemps mais que vous connaissez probablement : les trilobites. J’aime beaucoup ces petits animaux, ils sont facilement reconnaissables et il en existe de très nombreux fossiles aux formes variées, qui sont parfois dans un état de conservation tout à fait remarquable ! Ces petits arthropodes ont vécu durant tout le Paléozoïque (la première ère du Phanérozoïque), dans les mers peu profondes du globe. Cet article présente de manière globale et rapide les trilobites : classification, anatomie, mode de vie, apparition, disparition …

Qu’est ce qu’un trilobite ?

Comme pour l’article précédent sur les dinosaures, commençons par présenter le groupe des trilobites. Les trilobites constituent une classe d’arthropodes (au même titre que les insectes) marins ayant vécu durant tout le Paléozoïque. Ils sont en effet apparus durant le Cambrien (-542 à -490 Ma) et ont disparu lors de la crise Permien-Trias (il y a – 250 Ma) qui signe la fin de l’ère Paléozoïque et le début de l’ère Mésozoïque (voir l’article sur l’échelle des temps géologiques).

illustration d’un trilobite du genre Olenellus par Charles Doolittle Walcott, le paléontologue qui a découvert les fossiles des Schistes de Burgess au début du XXème siècle.
Source : commons.wikimedia.org

Comme tous les arthropodes, les trilobites possèdent un corps divisé en segments et recouvert d’un exosquelette composé de chitine. La chitine est une molécule très résistante et souple que l’on retrouve chez de nombreux organismes vivants et notamment chez les arthropodes. Des appendices articulés leurs permettent de se déplacer. Le nom trilobite vient du fait que leur corps est divisé en trois parties. Le céphalon correspond à la tête. Le thorax est composé de nombreux segments qui possèdent chacun une paire d’appendices articulés. Enfin, le pygidium correspond à ce que l’on peut appeler la queue du trilobite. Le groupe des trilobites était très diversifié et l’on retrouve souvent différents types d’ornementations et/ou des défenses sur leur corps : des épines, des tubercules …

Les trilobites étaient dans leur très grande majorité des animaux benthiques, c’est-à-dire qui vivaient sur le fond de la mer, probablement dans des milieux peu profonds grouillant de vie. Ils s’y déplaçaient grâce à leurs appendices articulés. On retrouve parfois des ichnofossiles considérés comme issus de l’activité de trilobites. Un ichnofossile est une trace de l’activité d’un être vivant fossilisée (des empreintes de pas ou des terriers par exemple). La bouche des trilobites se trouvait sur leur face ventrale, c’est-à-dire sur la face en contact avec le fond afin de pouvoir se nourrir, certainement d’autres petits invertébrés benthiques.

Schéma légendé que j’ai réalisé pour un TP durant mon année de L2, basé sur le genre Olenellus. La légende donne quelques éléments de vocabulaire concernant l’anatomie des trilobites. (Notez qu’il me reste une bonne marge de progression avant d’égaler Walcott pour les dessins d’observation 🙂 ).

Intérêt paléontologique et stratigraphique

Les trilobites vont nous permettre d’introduire une notion qui allie paléontologie et stratigraphie (pour des rappels sur la stratigraphie, voir l’article sur l’échelle des temps géologiques). En effet, ces animaux constituent (entre autres intérêts paléontologiques) de très bons fossiles stratigraphiques. Un fossile stratigraphique est un fossile caractéristique d’une époque donnée, qui permet ainsi d’identifier rapidement l’âge d’une roche sédimentaire grâce à son contenu paléontologique. Un bon fossile stratigraphique doit donc être relativement abondant, avoir une large répartition géographique et une durée d’existence relativement restreinte à l’échelle des temps géologiques, cela afin de caractériser une période géologique la plus précise possible sur une large zone géographique. Les trilobites constituent de bons exemples de fossiles stratigraphiques car leur forme évoluait rapidement et on les retrouvait partout autour du monde (notamment sur une période allant du Cambrien au Dévonien).

Les fossiles de trilobites sont nombreux et parfois exceptionnels. Certains fossiles regroupent parfois des dizaines d’individus dans un état de conservation remarquable. Des fossiles de trilobites ont par exemple été mis au jour dans les fameux schistes de Burgess, au Canada. Ce site très connu date du Cambrien moyen, de -505 Ma pour être plus précis. Dans la très grande majorité des cas, seule la face dorsale, plus rigide (grâce à l’exosquelette chitineux) et donc plus facile à fossiliser que la face ventrale, est conservée.

Diversification et disparition des trilobites

Les trilobites connaissent leur apogée au début du Paléozoïque, dans les eaux chaudes du Cambrien et de l’Ordovicien. Leur diversité diminue ensuite peu à peu avant de se retrouver fortement réduite par la crise biologique de la fin du Dévonien (-360 Ma). Ces animaux finissent par disparaître complètement lors de la crise biologique suivante, la crise Permien-Trias, il y a -250 Ma.

La classe des trilobites est divisée en une petite dizaine d’ordres aux formes diverses. Le nombre d’ordre atteint sa valeur la plus importante au cours de l’Ordovicien. Un seul ordre subsiste à la crise de la fin du Dévonien, les Proetida, qui étaient apparus dès la fin du Cambrien. Les trilobites de cet ordre, derniers représentants de cette grande classe d’arthropodes à partir du début du Carbonifère, s’éteignent finalement à leur tour à la fin du Permien.

Les différents ordres de trilobites et leur période d’existence sur l’échelle des temps géologiques
Source : evolution-biologique.org

C’en est terminé pour les trilobites ! Il ne fait cependant aucun doute que nous serons amenés à reparler de ces bestioles caractéristiques du Paléozoïque dans d’autres articles de paléontologie. En plus de constituer de bons fossiles stratigraphiques, les trilobites sont souvent très bien conservés et facilement identifiables par le grand public.

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