L’île de la Réunion

Introduction

Laissons mon sujet de bibliographie pour quelques temps. La suite viendra dans l’été mais je ne résiste pas à l’envie de vous parler d’abord de l’île de la Réunion ! J’y ai effectué un voyage de deux semaines avec mon meilleur ami durant le mois de juin dernier. Je vais donc pouvoir bombarder ce blog d’articles sur les magnifiques randonnées et activités que nous avons pu faire là-bas, tout en distillant quelques éléments de géologie.

Commençons notre petite série sur la Réunion (les autres articles viendront s’ajouter de temps à autres en cours d’année) avec un article introductif. Nous allons commencer par reparler du volcanisme de point chaud (voir l’article à propos du volcanisme sur Terre pour les rappels de base) et plus particulièrement du point chaud qui est à l’origine de la formation de l’île de la Réunion. Nous évoquerons évidemment les différents volcans de l’île (sur lesquels nous reviendrons en détail dans d’autres articles). Enfin, nous ferons un petit tour des caractéristiques actuelles de l’île : paysages, climat, population …

C’est parti pour un magnifique voyage sur l’île de la Réunion !

Naissance de l’île : le point chaud

Le volcanisme de point chaud est un phénomène de volcanisme intraplaque (il ne se situe pas à la limite entre deux plaques lithosphériques). Cela est dû à une anomalie thermique particulièrement chaude située en profondeur, au sein de la couche D’’, à la limite entre le manteau et le noyau (aux alentours de 2900 km). Cette anomalie thermique va provoquer l’ascension d’un panache de matière chaude par convection selon la poussée d’Archimède : du fait de la dilatation thermique, le matériel chaud est moins dense et va donc remonter à travers du matériel plus dense. Attention, rappel qui ne fait jamais de mal : le matériel chaud qui remonte à travers le manteau par convection n’est pas liquide mais bien solide ! Il adopte un comportement ductile et flue à travers le manteau de manière très lente, à l’échelle des temps géologiques.

Lorsque le panache arrive au contact d’une plaque lithosphérique, le matériel encore très chaud (du fait de sa remontée par convection, il a conservé la majeur partie de sa chaleur) va pouvoir entrer en fusion partielle, la pression étant plus faible. Le magma ainsi formé va percer la lithosphère et remonter peu à peu jusqu’à la surface et être à l’origine d’importantes éruptions, principalement effusives. Le magma produit est en effet la plupart du temps un magma basaltique fluide. Si le point chaud émerge au niveau d’un océan, une île peut se former par accumulation de magma en surface. Un point chaud étant fixe et la plaque lithosphérique sus-jacente étant en mouvement, les éruptions vont former un alignement d’îles volcaniques. Lorsque le volcan situé au-dessus du point chaud est décalé par le mouvement de la plaque, son activité s’arrête, un nouveau volcan se forme et ainsi de suite. L’alignement de ce type le plus connu est celui de l’archipel d’Hawaii. L’île d’Hawaii (elle porte le même nom que l’archipel) est l’île la plus à l’est de l’archipel et la plus proche du point chaud. Seuls les volcans situés sur cette île sont encore actifs dans l’archipel.

Schéma simplifié illustrant le principe d’un point chaud. Le panache remonte lentement depuis la couche D ». Lorsque la tête du panache arrive sous la plaque lithosphérique, d’immenses épanchements de basalte peuvent se former (les trapps du Deccan par exemple). Le déplacement de la plaque lithosphérique provoque ensuite la formation d’un alignement de volcans dont seul celui situé à proximité du point chaud est en activité. Core = Noyau ; Plume = Panache ; Mantle = Manteau ; Hot spot = Point chaud
Source : blogs.agu.org

Le principe est exactement le même pour l’île de la Réunion. La tête du panache de ce point chaud aurait percé la surface de la Terre il y a 66 Ma et serait à l’origine des immenses épanchements basaltiques des trapps du Deccan, en Inde. Ces éruptions ont certainement eu un fort impact sur la crise Crétacé-Paléogène survenue à cette période. Du fait du déplacement des plaques lithosphériques sus-jacente, ce point chaud a ensuite formé des alignements d’îles parmi lesquelles on compte notamment les Maldives et plus tardivement l’archipel des Mascareignes, dont fait partie la Réunion avec l’île Maurice et l’île Rodrigues. La Réunion est la dernière île a avoir été formée par le point chaud. Elle aurait émergé de l’océan Indien il y a environ 3 Ma. La position actuelle du point chaud est située légèrement au sud-ouest de l’île. Le magma remonte cependant encore jusqu’au volcan actif de l’île, un des plus actifs du monde : le piton de la Fournaise. Cependant, l’île s’est tout d’abord formée avec l’émergence de l’énorme piton des Neiges et du plus modeste volcan des Alizés. Le piton de la Fournaise ne naitra que plus tard en se formant sur les restes du volcan des Alizés. Il n’est par ailleurs pas totalement exclu que le piton des Neiges puisse à nouveau rentrer en éruption un jour (la dernière éruption date d’il y a environ 11 000 ans). Le piton de la Fournaise, quant à lui, entre très régulièrement en éruption (une quarantaine d’éruptions depuis le début du XXIème siècle, allant de quelques heures à plusieurs semaines).

La Réunion aujourd’hui

La Réunion est une île à la diversité de paysages incroyable. L’activité volcanique intense qui a permis à l’île d’émerger de l’océan indien a créé des reliefs très marqués sur lesquels se sont développés une flore et une faune abondante et unique au monde. Les espèces endémiques (c’est à dire qu’on ne trouve nulle part ailleurs) sont légions, tant au niveau végétal qu’animal. Cet endémisme très marqué est dû à l’isolement de l’île : les végétaux et les animaux qui sont parvenus à la coloniser (transportés par des branchages à la dérive, des oiseaux, le vent …) ont ensuite évolués de manière complètement isolée. Ce phénomène a permis la naissance d’espèces uniques au monde.

Les paysages et les microclimats sont très nombreux à la Réunion. Les reliefs très escarpés permettent le développement de nombreux biomes (jungle, forêt de conifères, prairie …) différents selon l’altitude, l’exposition aux vents … Globalement, la côte est de la Réunion est la zone la plus humide de l’île. En effet, les vents dominants à ces latitudes sont les alizés, des vents qui viennent de l’est et se dirigent vers l’ouest. L’humidité transportée par ces vents va être bloquée par les reliefs très importants du centre de l’île. C’est pour cette raison que la côte ouest est beaucoup plus sèche. C’est sur cette côte que se développent les grandes plages et les lagons, séparés du grand large par des récifs coralliens. Ces zones protégées permettent de se baigner à l’abri des requins (les requins tigres et bouledogues sont nombreux autour de l’île et peuvent être dangereux).

Le centre de l’île est occupé par les trois cirques : Salazie au nord-est, Mafate au nord-ouest et Cilaos au sud. Ces trois cirques se sont formés par l’érosion et l’effondrement progressif des flancs du piton des Neiges, dont le point culminant, situé entre les trois cirques, s’élève encore à 3000 m d’altitude. Les cirques sont séparés du reste de l’île par d’immenses “remparts” de roche quasiment verticaux de plusieurs centaines de mètres de haut (je n’avais jamais rien vu d’aussi impressionnant). Le sud-est de l’île est occupé par le piton de la Fournaise. Lors des éruptions, la plupart des éruptions s’écoulent dans “l’enclos”, un immense plateau séparé du reste de l’île par de grandes falaises et penté en direction de l’est. Il arrive parfois que des coulées de lave arrivent jusqu’à la mer (en coupant la route nationale qui fait le tour de l’île au passage) et augmentent donc la surface de l’île.

Carte représentant la topographie de la Réunion. Au centre de l’île, le massif du piton des Neiges avec les trois cirques. Au sud-est, le massif du piton de la Fournaise. La côte ouest est dite sous le vent (abritée du vent) et la côte est dite dans le vent (exposée au vent).
Source : habiter-la-reunion.re

Enfin, côté population, la diversité est également de mise ! L’île de la Réunion est connue pour son mélange de cultures. En effet, la population de l’île est riche de nombreuses origines : métropolitaines bien entendu mais aussi malgaches, arabes, indiennes ou encore chinoises. De plus, l’île de la Réunion est le département d’outre-mer le plus peuplé (et de loin), avec une population supérieure à 800 000 habitants. La population est essentiellement concentrée sur le littoral, où l’on trouve les grandes villes (Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-Paul …). Côté économique, l’île de la Réunion vit principalement du tourisme : les activités sont très nombreuses, notamment pour les fans de randonnée. D’autres activités économiques comme la culture de la canne à sucre sont relativement importantes.

Voilà cet article un peu fouillis et désordonné servira d’introduction à ma série sur la Réunion. Les suivants seront centrés sur des sujets plus précis (randonnées, lieux, activités …), ce qui me permettra de présenter certains aspects de l’île plus en détail. A la prochaine fois !